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Vie de N.E.E.T
23 février 2011

Anecdotes d'un glissement sémantique

Les caméras de surveillance font maintenant partie du quotidien d'un bon nombre d'entre nous. Nous sommes donc en droit de nous demander à quoi elles servent vraiment. Un début de réponse semble être apporté par le glissement sémantique qui a fait surface il y a quelque temps. La vidéosurveillance est donc devenu la vidéoprotection. Ainsi, il apparaît que ces objectifs suspendus n'ont plus pour finalité de nous surveiller, mais de protéger. Reste à savoir qui.

A l'approche des cantonales, j'ai eu la surprise de trouver dans ma boîte aux lettres un texte imprimé sur papier jaune (pas du meilleur goût) apportant un début de réponse à cette interrogation. « La vidéosurveillance sert à des intérêts politiques puisque le maire fait surveiller ses opposants. » Grave accusation lancée par l'élu Serge Méry dans ce courrier distribué aux habitants d'Epinay-sur-Seine. Je laisse aux plus curieux d'entre vous le soin de découvrir son histoire sur son blog.

Je n'entrerais pas dans le débat de l'(in)utilité de la vidéosurveillance/protection. Jean-Marc Manach, journaliste spécialiste des questions liées à la vie privée et aux (cyber)droits de l'Homme, s'en occupe déjà assez bien sur son blog, Bug Brother. Je me contenterais d'évoquer deux anecdotes au sujet de l'utilisation des ces fameux engins par la commune d'Epinay-sur-Seine, première ville de Seine-Saint-Denis à s'être équipé du dispositif.

La première se déroule il y a deux ans de ça. Un homme remonte la rue de la Justice pour aller acheter du lait aux alentours de 18h30. Lorsqu'il s'écroule, sous le coup d'un infarctus, non loin d'une de ces caméras, il est seul dans la rue. Je n'y connais pas grand chose en matière de monitoring, mais je pense pouvoir affirmer sans trop m'avancer,qu'un homme étendu le long d'un trottoir a de quoi attirer l'attention. Aussi, il faudra que quelqu'un se décide à fermer ses volets et aperçoive le corps à terre pour provoquer l'intervention des secours. Trop tard.

Pourtant, une histoire bien plus légère m'a prouvé que l'intervention des forces de police pouvait être des plus promptes quand aidée par la vidéosurveillance. La scène se situe toujours à Epinay, il y  a un an de ça. Un soir, deux amis déambulent dans les rues de la ville, discutant en profitant de la douceur printanière. Passant aux abords d'une route en travaux, ils ont l'idée de se prendre en photo aux commandes d'un des engins à l'arrêt sur le chantier. Pas la décision la plus mature qui soit, certes. Pas la plus dangereuse non plus. Il ne faudra aux officiers que le temps d'un cliché pour arriver sur les lieux. Après avoir venté les mérites du dispositif ayant servi à prendre les deux charlots en flagrant délit de violation de propriété privée, ils ne manquent pas de les emmener au bercail pour un fichage dans les règles de l'art (photos, empruntes...) avant de les relâcher.

Libre à chacun de se faire une opinion (ou pas) sur ce dispositif. Je me suis fait la mienne. Un rapide coup d'œil au blog de Jean-Marc Manach peut aider y voir plus clair (Attention : homme engagé!).


Phrase du jour : « There's nothing worse than being in hell and have everyone insisting on bright colours and happy music. » Christopher Fulford dans le rôle de George Gibbon – The last enemy, episode 3

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